Jad Fair en interview"There's A Directness To That."

Diffuseur
Le Drone

Date
Septembre 2011

Durée
8′

Réalisation
Clément Mathon

Résumé
Tailler le bout de gras avec Jad Fair, c’est traverser 30 ans d’éthique DIY, et une oeuvre qui fout le vertige. A 56 ans, notre homme est effectivement ce qu’on appelle communément un bourreau de travail. Treize albums avec son frangin au sein de Half Japanese, 52 en tout si l’on compte ses innombrables collaborations avec Daniel Johnston, J.Mascis, Richard Hell, R. Stevie Moore, Thurston Moore, Steve Shelley, Yo La Tengo ou John Zorn, 14 bouquins en tant qu’illustrateur, sans parler de ses compositions on-demand pour les mariages et fêtes d’anniversaire!

Géographiquement écartés de l’épicentre d’une révolution punk qui fait la nique aux virtuosos anglais des 70′s, les deux frères Jad et David Fair qui grandissent paisiblement dans une petite bourgade du Michigan de 10 000 habitants, bénéficient pourtant largement de ses enseignements: 6 cordes et un ampli, c’est tout ce qu’il faut pour faire du bruit. Biberonnés aux sons de Detroit (MC5, Motown, Stooges…), les Fair’s montent ainsi leur petite affaire dans leur chambrette courant 1975, sous l’absurde patronyme d’Half Japanese.

Equipés d’une batterie rudimentaire, d’un sax rouillé et d’une guitare dont on imagine l’état, ils braillent leurs premier morceaux pétris de SF, de zombies, et d’horreurs en tout genre devant qui veut bien les entendre (scènes locales, maisons de retraite), et sortent enfin leur premier album Half Gentlemen/Not Beasts, sur l’écurie maison ArmageddonLe sans faute quoi. Prenant en charge toutes les étapes de production de leurs disques, de l’enregistrement à la diffusion, en passant par le design de leur pochettes, le jeune Jad fait tout bêtement de son rock bricolé une marque de fabrique, et jette sans le savoir les bases de la culture DIY.

Mais s’il fallait placer le curseur sur le moment de gloire du groupe, on pourrait notamment citer 1993, année où validé par Cobain, Half Japanese s’embarque en tournée avec Nirvana. Année également où le groupe fait l’objet d’un documentaire devenu culte pour les fans, Half Japanese: The Band That Would Be KingRéalisé par Jeff Feuerzeig, à qui l’on doit un autre super docu sur un autre super songwriter, le film emprunte son nom à sans doute l’un des meilleurs disques du groupe, sorti en 1989 qui résume relativement bien l’aventure. Sur la pochette, on y voit une illustration de Jad sur un ring aux prises avec Elvis. Au dos du disque, Elvis mord la poussière, Jad est devenu roi.