La Femme en interview"Je Veux Une Snare Un Peu Berlin."
Diffuseur
Le Drone
Date
Octobre 2013
Durée
10′
Réalisation
David Pais
Résumé
Ah, on vous voit déjà nous tomber sur le coin de la gueule, nous attraper par le col, nous pointer dessus le cran d’arrêt. Croyez bien qu’on l’a entendue, la rumeur, on les a vus passer, les filets de bave sur Facebook et Twitter. On sait qu’on va se la prendre, la mandale. On sait déjà qu’on s’en justifiera encore douloureusement dans six mois, de notre choix. Et pourtant, c’est un fait: s’il y a bien un disque de musique pop, avec des chansons et tout le tralala qui nous a spontanément, surprenamment mis d’accords cette année, c’est Psycho Tropical Berlin de La Femme.
Il faut dire qu’on était sans doute les derniers dans la place à attendre quelque chose de cette bande de gamins. On avait bien entendu parler de loin de “Sur la planche” et des 10 pouces sur Le Podium de Third Side, des tournées un peu triomphales, des balades à l’étranger. Mais on était les premiers à marcher sur des oeufs. Vous autres lecteurs assidus de notre magazine en ligne le savez, la chanson à texte, les bidules en Français, la jeunesse qui y croit, c’est pas notre tasse de thé. Et puis des petits cons qui passent direct du succès d’estime à Barclay et à la variété, qui font leur tapage en ligne entre celui de Woodkid et celui de Fauve et qui jouent avec un filet de pêche sur la tête au Grand Journal pour amorcer une ascension vers les étoiles, très peu pour nous, on a d’autres chats à fouetter par milliers.
Alors passons tout de suite à ce truc précieux, infiniment rare en ces temps et contrées qu’on a trouvé chez La Femme et qui nous a fait chavirer: une vraie flamboyance, un peu idiote, un peu arrogante, de la même qualité que celle qui nous charme par exemple chez un Kim Fowley et qui nous fait nous demander, pourquoi il n’y aurait que Kim Fowley qui aurait le droit de planer dans son génie, son idiotie et ses autocélébrations assumées? Aussi, on reconnaît aux enfants de La Femme de s’être façonnés tout de suite un univers propre et pour ainsi dire autonome, fait de références embrassées passionnément (Gainsbourg le parolier, l’underground de l’underground de la new-wave française, les films de Jean Rolin) et d’une faculté toute propre à user du français. La Femme nous épatent enfin parce qu’ils chantent indifféremment des jeux de mots cons ou superbement inspirés, parce que les mélodies qu’ils chantent à tue-tête et à l’unisson se tiennent toutes, parce que derrière leurs poses et leur arrogance, ils ont l’air de ne rien calculer.
Alors on vous demande à vous, par exemple, qui collectionnez les références Born Bad, qui vénérez vos rééditions de Deux ou Hector Zazou, qui chérissez malgré tout (les disques pourris et les moments embarrassants à la télé) Gainsbourg et Gérard Manset, qu’est-ce que vous reprochez exactement à La Femme? Vous disposez bien sûr du droit constitutionnel de l’internaute d’aiguiser vos lames et de poser votre missive dans la boîte à commentaires ci-dessous mais en attendant, on campe notre position: La Femme est un groupe de petits cons, La Femme a fait un premier album inégal, mais La Femme a trouvé la meilleure manière de faire du rock chanté en français en 2013.