Steve Bug en interview"A Few Basic Things."

Diffuseur
Le Drone

Date
Février 2013

Durée
6′

Réalisation
Olivier Lamm

Résumé
Initiateur pas tout à fait volontaire d’un des sous-genres les moins spectaculaires mais les plus persistants de la house moderne (on écrit “minimal tech house” pour gagner du temps, soyez clément) Steve Bug n’est pas du genre à se vanter d’avoir inventé quoi que ce soit. De l’installation en catimini du chateau de cartes Raw Elements jusqu’au carton plein de l’empire Poker Flat, il faut dire que l’Allemand a été tout droit, sans se poser trop de questions ni ressentir le besoin de revenir à quoi que ce soit.
C’est tout le paradoxe précieux de la house music telle qu’elle vivait avant que les historiens repeignent ses histoires en légendes: née de tout et de rien, elle vécut longtemps très bien sans auteur, sans égo, sans guéguerres d’inventeurs. Hyperactif mais discret, Steve Bug est ainsi à l’image de la belle scène qu’il a participé à faire naître et grandir année après année, pas trop du genre à faire les unes des mags branchés mais numéro un dans le coeur de beaucoup de danseurs.
C’est que ses racines vont puiser profond dans le terreau techno. Tout a commencé pour l’Allemand comme ça a commencé pour la plupart des pionniers house de sa génération: sur un beat de Chicago. Menant une existence paisible de garçon coiffeur à Brême, ville-empire enclavée en Basse-Saxe à une heure d’autoroute de Hambourg, Stefan Brügesch a vu la lumière une nuit de 1987 au légendaire club Front, sur un morceau de Liz Torres. Ce qui explique sans doute pourquoi sa musique a, par la suite, si peu changé malgré le passage des modes et des saisons.
Que ce soit dans son activité de DJ adoré ou au travail sur ses propres tubes de club (cf. “Loverboy“), l’Allemand vit, festoie et crée dans un pré carré de formes élémentaires minuscule comme la trousse à outils d’un alchimiste. Son crédo, en gros, c’est dieu est dans les détails et le funk n’a pas besoin d’une section de cuivres pour arriver dans vos pattes. Si ses disques arborent des pochettes moches et ont tous un peu l’air de retourner à la source, c’est qu’ils poussent sur un petit talus tout près de l’endroit d’où elle jaillit. Du coup, on y revient comme on revient au chocolat Milka: on sait qu’il faudra aller voir ailleurs pour les sensations fortes, mais on sait aussi que les sensations fortes, c’est pas pour tous les jours, toutes les heures de la vie.
Sur Noir, son dernier album en date, il y a beaucoup de remplissages, quelques moments un peu embarassants, mais on y est bien, comme dans un bain. C’est le genre de disques qu’on a tendance à oublier dans un coin mais qui empêche les Philistins de rentrer dans le royaume et de tout péter. C’est presque un napperon en crochet posé sur la télé. C’est le son mi-merveilleux, mi-foireux d’une profession de foi, d’une torche qui brûle. On ne l’échangerait contre aucune cassette de house à la mode.