Simon Reynolds en interview"A Race To Get To The Future."

Diffuseur
Le Drone

Date
Avril 2012

Durée
6′

Réalisation
Olivier Lamm

Résumé
Il fut un temps où Simon Reynolds était le journaliste musical le mieux placé pour parler du futur. Né en 1963 à Londres, ce fils d’intellos élevé entre les piles de bouquins de philo et de romans de SF a tout de suite fait son beurre avec le providentiel bol d’air frais du post-punk dans tous ses états – synth pop, new wave, ou bricolages industriels. On parle bien sûr de l’orée des 80s, quand le rock était joué sur des Prophet et des Jupiter par des ex étudiants en art aux idées très longues et quand les labels trouvaient leur nom dans des livres d’architecture ou des encyclopédies sur Dada: nourri de théories d’avant-garde, de gender studies et de structuralisme, Reynolds s’est ainsi lancé dans la critique musicale avec le Melody Maker exactement au moment où la pop music britannique (et plus si affinités) s’est trouvée avoir besoin des services d’un journaliste capable de décrypter ses extravagances.  Le futur et l’innovation profondément incrustés dans l’organisme, il a ainsi accompagné de 1984 jusqu’au milieu des années 2000 la quasi totalité des courants musicaux souterrains dignes de ce nom. Shoegaze, twee pop, hip-hop, house, techno, jungle, post-rock (c’est lui qui a pondu le terme), IDM, pop hypnagogique ou hantologie: très peu de journalistes anglo-saxons ont à ce point collé aux soubresauts vitaux de la musique de manière aussi constante et sur une période aussi longue.  Sans surpris, ses livres au long cours s’apparentent tous aux confessions d’un néophile impénitent:  Blissed Out évoque les mondes parallèles créés par la twee pop ou la house dans la morne Angleterre thatchérienne, Energy Flash est une somme sur les mille mutations de la musique électronique à l’époque où elle se subdivisait en 10 nouveaux sous-genres chaque semaine,  et le célèbre Rip It Up and Start Again  est à ce point définitif sur la famille musicale qu’il évoque (le post-punk) qu’il a remis la moitié de ses groupes sur orbite. Comme 99,7% des mélomanes, musiciens et théoriciens contemporains, Reynolds a ainsi fatalement vécu le grand glissement de paradigme culturel de ces dix dernières années (Internet, le MP3, les revivals qui ne s’en vont plus et qui finissent par se reproduire entre eux) comme un sévère moment de crise à la fois intime et généralisé. Sans autre mouvement majeur à se mettre sous la dent que des petites éruptions dont la principale composante est systématiquement le sentiment nostalgique, il a décidé de consacrer son nouveau Rétromania à cet étrange phénomène qui nous a peu ou prou tous fait muter de néophiles passionnés en nécrophiles avertis. Consignant théories sur les phénomènes d’accrétion postmodernes, anecdotes autobiographiques et histoire des phénomènes revivalistes à travers les ères, il fait le premier grand ouvrage critique sur la musique à l’ère du numérique généralisé et si toutes les vérités qu’il énonce ne sont pas agréables à entendre, le portrait qu’il fait de notre époque est aigu est vertigineux.