Gonjasufi en interview"Keep Smashing On Those Motherfuckers."

Diffuseur
Le Drone

Date
Janvier 2011

Réalisation
Clément Mathon

Résumé
Mystique, inclassable, prof de yoga vivant dans le désert… Au cours de l’année 2010, Gonjasufi a alimenté tous les fantasmes et à en juger par l’excellent A Sufi and a Killer, on comprend pourquoi. L’un des meilleurs albums de 2010, produit par Gaslamp Killer et Flying Lotus a pris tout le monde de court et calme tout de suite celui qui tentera de le ranger dans un genre particulier. Disons que pour nous, de par son passé de MC dans les années 90, Sumach Ecks est avant tout le symbole de la mort d’une certaine idée du hip-hop.

Car avant de boire l’eau des fleurs et disserter sur les étoiles filantes, Gonjasufi a grandi à San Diego et s’est fait les dents sur la scène hip-hop des 90s, autrement dit ce qu’il y avait de plus excitant en musique à l’époque (et oui). Pour la faire courte, c’est une époque où il faisait toujours froid dans les clips, où chaque album était produit par un seul et unique producteur, où le son de la côte Est était différent de celui de la côte Ouest, c’était l’époque qui a vu naitre le Wu-Tang, Nas, Mobb Deep, Black Moon et bien d’autres. Une musique sans concession, faite par des gens intelligents, qui se renouvelait tous les ans, voire tous les 6 mois. Des influences qui partaient dans tous les sens et une créativité qui paraissait à l’époque intarissable.

En 97, après la mort de 2Pac et Notorious BIG, c’était fini. La rivalité East Coast/West Coast (qui, avant d’être violente, était surtout artistique) a laissé place à un consensus qu’on pourrait résumer par “Les conneries ça suffit, soyons tous copains et faisons du fric ensemble“. Du coup, l’originalité a disparu au profit d’artistes clones, vulgaires, sans finesse et, on peut le dire, carrément stupides. Alors certes, de ce marasme, toute une scène underground s’est créée (Antipop Consortium, Company Flow, MF Doom et consorts) mais beaucoup ont laissé tomber, sont allés voir ailleurs, dégoutés de la tournure qu’ont pris les choses.

Et c’est le cas de Gonjasufi. Si le hip-hop avait suivi la trajectoire qui lui était destinée, A Sufi and a Killer n’aurait peut être pas été un album “ovni”, “inclassable”, “complètement barré” mais juste la continuité de ce qui s’était passé dans les 90s. La déliquescence du genre a enfanté de ce personnage aux allures de gourou, qu’on a vu déambuler dans l’espace presse des Transmusicales de Rennes, capuche sur la tête et boîte à rythmes sous le bras. A dire vrai, on a eu un peu de mal à le suivre durant l’interview et concernant son passé, ses origines indiennes et éthiopiennes, sa traversée du désert, on n’apprendra pas grand chose de plus que les quelques infos glanées sur le net (le brouhaha ambiant n’a pas aidé non plus). Mais on comprendra que c’est un personnage complexe, à fleur de peau et qui revient sans doute de loin. Pour le reste, on se contentera de sa musique.