Orval Carlos Sibelius au festival "L'Épopée Born Bad"à l'occasion des 10 ans du label Born Bad

Diffuseur
France Télévisions / Culturebox

Date
2017

Durée
5′

Réalisation
Christian Beuchet

Résumé
Enregistrer la musique la plus lumineuse et conquérante qui soit pour conjurer une mélancolie sans fond. Ça pourrait être une définition de la pop, celle de l’âge d’or, quand The Beach Boys ou The Left Banke s’autorisaient tous les excès orchestraux pour sublimer la force vitale de l’adolescence, tandis que Pink Floyd et The Soft Machine enfonçaient les portes de la perception. Celle vers laquelle revient sans cesse Orval Carlos Sibelius, presque malgré lui. « Je cherche à prendre la tangente mais je me retrouve toujours sur le même chemin », avoue-t-il. « Dès que je lutte contre moi-même, ça ne donne rien de bon. » Dans un monde joyeusement amnésique, où l’injonction à la nouveauté éteint lentement les symboles, c’est à la constance qu’on repère les artistes. Aux obsessions qu’on reconnaît les auteurs. Quand on porte en soi un héritage de mélodies luxuriantes et de vertiges psychédéliques, pourquoi chercher d’autres moyens de se sentir vivant ? Tous les passés sont fertiles, pourvu qu’on les cultive avec un cœur d’aujourd’hui.

On peut croire Orval Carlos Sibelius quand il dit que sa musique serait la même si personne n’avait l’idée de l’écouter. C’est d’ailleurs ce qu’il a fait pendant longtemps, d’abord sous l’alias Snark puis sous celui qu’on lui connaît depuis 2006, l’année où il a décidé de se mettre à chanter. Et il aurait continué ainsi jusqu’à son dernier souffle si son album Super Forma n’avait rencontré en 2013 un certain succès. Alignement des planètes ou aboutissement formel d’un fantasme personnel ? La première raison aurait suffi à « faire sensation ». La seconde à filer des suées à la concurrence. Mais c’est bien l’alliance des deux qui est la marque des œuvres importantes. Celles qui ne vieillissent pas, ou si peu, et qui, contre tout factice paradoxe, parlent le mieux à leur époque. 

Trois ans après ce coup d’éclat, Orval Carlos Sibelius risquait avec le LP Ascension une incartade instrumentale à la grammaire épurée, taillée pour dialoguer avec les images d’un documentaire presque introuvable, « Les Rendez-vous du Diable » de Haroun Tazieff. Une tangente vers la glace et le feu, loin des exaltations baroques, mais essentielle pour qui avance à grandes enjambées sur le fil de la pop éternelle. Quand Orval Carlos Sibelius chasse le naturel, on peut être sûr qu’il va revenir au galop. En l’occurrence, c’est une véritable chevauchée des Valkyries qu’on découvre sous ce titre aussi héroïque qu’ironique : Ordre et Progrès. Quelque chose comme une superproduction intimiste, un péplum existentiel. Son album le plus décomplexé et aussi le plus musclé, comme si Led Zeppelin et Shellac venaient en renfort pour décupler la flamboyance des mélodies, et contrebalancer de plus belle une « désintégration proche et inévitable ».